Nouveau record du monde pour ce français originaire du Var avec son ULM (Ultra-Léger-Motorisé). Avec son aéronef, il a atteint la vitesse exceptionnelle de 300 km/h. Je vous propose une interview de ce pilote extraordinaire qui nous raconte sa passion, ses projets, ses records ...
Eric de Barbarin-Barberini à côté de son ULM, le "Shark" |
L'ULM le plus rapide du monde
🛩️ Son ULM: Une bête de course !
Pas besoin de combinaison anti-G pour relever de nouveaux défis. Le 30 juin 2015, Eric de Barabrin-Barberini et son copilote Antoine Seidner ont ainsi littéralement pulvérisé le précédent record du monde de vitesse en ULM, en franchissant la barre des 300 km/h avec son nouvel engin. Un "Shark", qui tient là bien son nom. Bien plus rapide qu'une montgolfière qui elle se déplace dans la masse d'air à très faible vitesse.
Sur le tarmac de l'aérodrome de Cuers-Pierrefeu, sa verrière panoramique ouvrant la vue à 360° évoque plus un chasseur. Son cockpit, une formule 1. Rien à voir avec l'image un peu désuète de l'aile delta pendulaire d'un Nicolas Hulot survolant la Patagonie !
Qui est Eric de Barbarin-Barberini ?
Je vous propose une interview donné par le journal Var-Matin en 2012 (propos recueillis par G.R.) :
"Il a tout piloté pour revenir à l'essentiel, le plaisir de voler en liberté. De l'avion de chasse (Mirage F1 et Mirage 2000) aux avions de ligne (Boeing, Airbus) et avions d'affaires qu'il pilote toujours. Éric de Barbarin-Barberini a connu toutes les facettes de l'aviation, toutes les joies du pilotage et leur lot de contraintes. Il ne lui manquait plus que la liberté. Celle de prendre son aéronef, en l'occurrence un tout nouvel ULM Shark, pour voler à l'envie. Se sentir libre et apprécier, à petite vitesse et basse altitude, ce qu'il avait l'habitude d'avaler à grande vitesse et à haute altitude.
Comme ce pilote est un homme de challenges, il s'est laissé embarquer, petit à petit, dans une nouvelle aventure. Celle des records. Dernièrement, il s'en est offert trois d'un coup : la plus grande vitesse jamais atteinte par un ULM au monde, sur 15 km, 50 km et 100 km. Trois records en cours d'homologation à la Fédération aéronautique internationale. Décollage imminent...
Comment passe-t-on d'un avion de chasse à l'ULM ?
Le plus simplement du monde. J'avais envie de m'échapper de ces plans de vols imposés, des missions à effectuer ou des horaires, altitudes, vitesses ordonnés. Retrouver le bonheur simple de voler quand je voulais, où je voulais, comme je voulais, simplement sur une envie, autour de la maison ou un peu plus loin. Seul l'U.L.M permet cet unique plaisir. Habitant à Brignoles, le terrain de La Roquebrussanne s'est rapidement imposé pour cette découverte avec son cadre champêtre, ses passionnés pour échanger. J'ai acquis un « Baroudeur » (petit ULM de base, NDLR)et j'ai commencé comme cela, en découvrant le plaisir de voler à vitesse lente. Puis l'obligation de s'occuper de l'entretien, de mettre les mains dans la machine, le partage entre pilotes, le tout avec un budget raisonnable a fini de me convaincre. L'envie de voyager un peu plus loin m'a gagné. Aller voir mon fils à l'autre bout de la France, mes parents en Touraine, etc.
Comment êtes-vous arrivé à la compétition ?
J'ai toujours fait un peu de compétition dans ma vie. Un peu de planche à voile, du karting, j'aime me dépasser, savoir où se situent mes limites. Ce virus ne m'a pas quitté. Il fallait que je voie un peu de quoi j'étais capable avec ce drôle de petit engin. Mais le Baroudeur est devenu très vite limité pour cela. J'ai cherché une autre machine capable d'assouvir ma nouvelle quête. J'ai découvert une publicité sur un ULM en construction en Slovénie. J'ai pris contact avec l'usine, disant que j'étais intéressé par les performances annoncées et que j'étais acquéreur. J'ai été le premier en France à être en possession de cette drôle de machine que j'ai reçue en février 2011. Avec, j'ai participé au raid aérien le « Green Air Challenge Paris-Madrid ». Lors de la troisième étape, j'ai battu le record de vitesse d'un ULM en vol. Malheureusement, il n'a pas été homologué par la F.A.I. Mais l'envie était là, je ne pouvais pas rester sur cet échec. J'ai donc remis les gaz avec ma copilote, Isabelle Bernabeu, en décembre.
Quelle a été la procédure ?
J'ai contacté la Fédération française qui a dépêché un officiel et on a préparé la machine pour qu'elle soit dans les normes. Nous avons monté tous les capteurs fournis par le responsable chargé de valider les mesures. Et nous avons décollé de Cuers, le 15 décembre dernier. Objectif, voler le plus vite possible sur une boucle de 50 km, en gardant le même palier d'altitude, trois fois de suite, une fois pour le 15 km, une fois pour le 50 km et une fois pour le 100 km. Les précédents records étaient, chronologiquement, de 274 km/h, 262 km/h et 268 km/h. Malgré des conditions météo pas optimales, nous avons réalisé 283 km/h, 270 km/h et 275 km/h. Ces performances ont été relevées et certifiées par l'officiel de la Fédération française qui les a transmises à la Fédération internationale. Une commission doit maintenant les analyser et les homologuer. Quoiqu'il arrive, on a déjà l'impression, avec ma copilote, de faire partie d'une petite famille, une caste capable de voler très rapidement sur un ULM.
Et maintenant ?
L'appétit vient en mangeant. Nous allons voir ce que nous pouvons améliorer pour passer le seuil de 300 km/h. Ce qui serait exceptionnel. Le record d'altitude peut être aussi un objectif. Il faut monter à 3 000 mètres en moins de neuf minutes. Celui de la distance, 1 400 km, un autre... Mais celui qui me fait vraiment rêver, le Graal de tout U.L.Miste : se rendre à La Mecque de l'ULM aux États-Unis, à Oshkosh, le plus gros rassemblement d'ULM au monde. Y aller avec ma propre machine serait exceptionnel. Mais à chaque jour suffit sa peine. "
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