Un petit morceau de papier rouge délavé, mesurant seulement 2,54 cm sur 3,18 cm, renferme une valeur inestimable dans le monde de la philatélie. Connu sous le nom de « One-Cent Magenta », ce timbre unique en son genre est souvent surnommé le « Mona Lisa de la philatélie ». Son prix astronomique, estimé à plus de 8 millions d’euros, en fait le timbre le plus cher et le plus rare au monde.
Un bijou philatélique unique
Le One-Cent Magenta se distingue par sa couleur magenta, proche du lie-de-vin, et son design sobre mais élégant. Au centre du timbre se trouve un voilier, entouré des mots « British », « Guiana » et « Postage », ainsi que la devise de l’époque : « Damus Petimus Que Vicissim » (« Nous donnons et espérons en retour »). Ce timbre octogonal, créé en 1856, est le seul exemplaire restant de sa série, ce qui en fait un trésor inestimable pour les collectionneurs du monde entier.
Une origine historique en Guyane britannique
L’histoire du One-Cent Magenta commence en 1856, dans l’ancienne Guyane britannique, aujourd’hui connue sous le nom de Guyana. À cette époque, la colonie dépendait des timbres importés d’Angleterre pour son service postal. Cependant, un retard dans la livraison des cargaisons menaçait de paralyser les échanges postaux. En réponse, le journal local, la Royal Gazette, prit l’initiative de créer ses propres timbres. Plusieurs couleurs furent utilisées, dont le magenta pour les timbres d’un cent. La plupart de ces timbres furent probablement détruits, sauf un, miraculeusement préservé jusqu’à aujourd’hui.
Un parcours jalonné de propriétaires prestigieux
Découvert en 1873 par Vernon Vaughan, un jeune philatéliste écossais de 12 ans, le One-Cent Magenta changea de mains plusieurs fois au fil des décennies.
Après avoir été vendu à N.R. Mc Kinnon pour l’équivalent de 35 centimes d’euros, le timbre passa entre les collections de Thomas Ridpath à Liverpool, puis du célèbre comte français Philippe de La Renotière von Ferrary, un milliardaire passionné de philatélie. À la mort de Ferrary en 1917, le timbre fut légué à un musée allemand, puis saisi par la France durant les réparations de la Première Guerre mondiale.
En 1922, lors d’une vente aux enchères, le timbre fut acquis par Arthur Hind, un industriel américain, pour 34 850 euros. En 1980, John E. du Pont, un millionnaire américain tristement célèbre, acheta le timbre pour 931 000 euros. Finalement, en 2014, Stuart Weitzman, célèbre créateur de chaussures, en devint le propriétaire, acquérant le One-Cent Magenta pour environ 9,4 millions d’euros.
Des ventes aux enchères record
Le One-Cent Magenta a régulièrement battu des records lors de ses ventes aux enchères. En 2014, il établit un nouveau record mondial avec une vente à 9,4 millions d’euros. En 2021, lors d’une vente à New York organisée par Sotheby’s, le timbre fut finalement vendu pour 8,2 millions d’euros, bien que les estimations prévoyaient un prix supérieur à 15 millions de dollars.
Chaque propriétaire a marqué le timbre d’une manière unique, laissant des traces de son passage, comme les initiales de Stuart Weitzman accompagnées d’un talon aiguille.
Un trésor intemporel
Le One-Cent Magenta ne représente pas seulement une rareté philatélique, mais aussi un morceau vivant de l’histoire. Son unicité et sa longévité en font un objet de convoitise comparé aux joyaux de la couronne. Ce timbre emblématique est le symbole ultime de la passion et de la dévotion des collectionneurs, illustrant parfaitement comment un simple bout de papier peut transcender le temps et acquérir une valeur inestimable.
En conclusion, le One-Cent Magenta demeure le timbre le plus cher et le plus rare du monde, captivant les amateurs de philatélie et les passionnés d’histoire par son origine unique et son parcours exceptionnel à travers les mains de certains des plus grands collectionneurs de tous les temps.
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